Le vendredi 8 décembre, des producteurs, des femmes transformatrices et des encadrants techniques de la région de Bobo Dioulasso se sont réunis a la maison de la Culture. L’atelier est facilité par Raymond Kiogo, facilitateur du CDAIS pour la SIL « micro entreprises familiales », et animée par le Dr Adama Traoré, chercheur a l’INERA, l’Institut de l’Environnement et de Recherche Agricole.
Une quinzaine de producteurs de la région se sont présentés ainsi que 4 femmes d’un groupement de transformatrices. L’objectif de cette matinée d’échange est de sensibiliser les producteurs de semences aux besoins des transformatrices. Un « cadre d’échange absolument nécessaire » d’après Dr Traoré, qui a préalablement travaillé avec les femmes productrices pour identifier leurs besoins.
« On a souvent des mises en liaison sur la question des engrais entre producteurs et distributeurs agricoles, mais peu entre les transformatrices et les producteurs. Dans mon expérience, c’est la première fois que cela se passe. C’est formidable ! » Dr Adama Traoré, chercheur a l’INARE
Alors que le Dr Traoré présente les résultats de la recherche sur les variétés hybrides de mais qui sont celles qui correspondent le mieux aux besoins des productrices, les producteurs opposent l’argument du prix des semences. « Vous dites qu’il faut 20 000FCFA d’achat de semences hybrides pour un hectare, alors que je peux mettre seulement 10 000FCFA » exprime M. Niampa Issouf, producteur de mais, mi et sésame dans la région de Sideradougou.
Les échanges de pratiques sont riches entre les producteurs : la présence d’un producteur de Djibasso où les conditions climatiques facilitent la culture du mil permet d’apprendre aux producteurs de Bobo que des machines ont été développées pour la séparation de la graine du mil, une opération difficile et longue qui freine les producteurs a travailler le mil. Or, les transformatrices présentes répètent leurs besoins a obtenir du mil de qualité dont la transformation en couscous et grumeaux, très demandés pour la préparation du petit déjeuner.
Pour les transformatrices, cette rencontre est très importante car elle leur permet de faire des rencontres de producteurs et de nouer des contacts. Mme Catherine Gnoula est responsable d’une unité de production individuelle a Bobo Dioulasso. Elle fait partie d’un réseau de micro entreprises de femmes transformatrices qui leur permet de nouer des relations de confiance avec les producteurs. Elle explique :
« La confiance avec les producteurs est indispensable pour nous comme pour eux : si nous avons confiance dans les produits qu’ils vont nous amener, nous allons les payer un bon prix. S’ils savent que nous allons leur acheter les produits, ils peuvent investir dans leur production. » Mme Catherine Gnoula, transformatrice a Bobo Dioulasso.
Les femmes préfèrent acheter directement auprès des producteurs plutôt que de passer par les commerçants ou le marché. En effet, certains commerçants n’hésitent pas à rajouter des cailloux pour que les sacs soient plus lourds ! La confiance, voici un argument mentionné par un autre acteur de la filière : M.Boly Alassane, agent d’encadrement de l’Agriculture. Il est en charge de la supervision des activités dans la zone de Bobo Dioulasso. Il pointe l’importance de son rôle en tant qu’intermédiaire entre les producteurs et les transformatrices, mais « on compte sur les partenaires car nous, l’Etat, n’avons pas les moyens de faire ce genre de rencontres. » Pour construire la confiance entre les différentes parties, le partenaire Afrique Verte voit son rôle, ainsi que celui des autres ONG et projets, très important. Il reconnait que le gouvernement ne prend pas en compte ces besoins, « ce sont les ONG qui font cela ».
« S’il y a la volonté des producteurs et des transformatrices, ce genre de cadre de concertation peut se reproduire »
Les suites a donner sont multiples, et dépendent des acteurs : M.Traoré va prendre contact avec des producteurs qui sont intéressés pour obtenir des semences, producteurs et transformatrices vont prendre contact pour échanger leurs productions et les agents d agriculture vont transmettre les connaissances apprises sur les semences. A quand une nouvelle édition d’un atelier similaire ou bien le lancement d’un travail conjoint pour un cadre de concertation pérenne ?